Un Placard pour les gouverner tous
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Temple de la badassitude (ah c'est sûr, c'est pas le Jo le Clodo hein)
 
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 Ashes

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Ancalimë

Ancalimë

Messages : 22
Date d'inscription : 15/11/2017

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MessageSujet: Ashes   Ashes Icon_minitimeSam 22 Juin - 9:22

AshesThranduil
Extraits: Retour sur l'histoire du dernier grand souverain elfe de la Terre du Milieu. Au crépuscule de sa vie, Thranduil se rappelle.
:copyright:️ 2981 12289 0

AshesJour de colère que ce jour qui verrait la dernière alliance tomber au nom de l'orgueil et de la vanité. Dans l'obscurité de sa tente, il se sentait comme coupé du monde, protégé par un rempart de toile du tumulte de la guerre et des morts. Il avait fini par perdre la notion du temps, affalé dans un siège bien trop grand pour lui, à observer un plan de travail rempli de cartes et de plans qui n'étaient pas les siens. Au dehors, la rumeur des lamentations et des chants funéraires. Les elfes d'Eryn Galen pleuraient leurs morts, décimés à l'aune d'une guerre qui semblait ne jamais vouloir trouver de fin.


« On vous attend Sire. »


Thranduil resta sourd à cette interruption. Comme si l'ignorer allait pouvoir la faire disparaître. Il avait tourné le dos à la Morannon, fermant les yeux sur une vision d'horreur qui ne le quittait pourtant pas. L'image de son père exsangue, les yeux vitreux levés vers un ciel qu'il ne pouvait plus voir. Il était resté sourd aux questions et aux demandes, revenant s'enfermer ici, comme pour retenir le souvenir d'un souverain qui ne se relèverait pas. Mais il avait beau se terrer là, effleurant les effets de son père comme un bambin qui se vêtirait de tenues bien trop grandes pour lui, il ne parvenait pas à oublier qu'un grand monarque était tombé ce jour là.


« - Votre altesse suffirait, répondit-il morose, je ne suis point roi.
- Plus depuis aujourd'hui. »


La voix avait changé. Glacée, il lui trouva un petit quelque chose d'impérieux qui n'admettait pas de réplique. Sans vraiment comprendre, Thranduil se senti comme obligé de faire face à celui qui venait de briser le silence de tombeau. Gil-galad, roi et fils de roi, se tenait dans l'embrasure de la tente, sa haute stature occultant la moindre trace de lumière qui aurait pu entrer, si tant est que le soleil brille encore sur ces journées de ténèbres. Le souverain Noldo le toisait de toute sa hauteur, son armure encore souillée des affres de la bataille, les traits marqués. Nul besoin d'artifice pour inspirer une once d’appréhension chez quiconque le regarderait dans les yeux. Un éclat vivace au fond de ces prunelles sans âge aurait suffit à vous figer sur place. Une onde de déplaisir agita brièvement ses traits et le jeune prince refusa de se soumettre à ce regard inquisiteur qui semblait le juger avec suffisance. Les conventions auraient voulu qu'il s'incline face au dernier haut-roi des Noldor mais Thranduil garda la tête haute, éprouvant un rien de plaisir amer à ne pas céder.


« Vous êtes venu me faire la leçon sur l'orgueil de mon père et m'enjoindre à ne pas marcher dans ses pas ?
- Je suis venu admirer le roi d'Eryn Galen se terrant dans sa tente tel un lapin dans son terrier pendant que ses sujets attendent ses ordres. Ils vous réclament, que faites-vous donc?
- Ils attendent leur roi. J'ai bien des pouvoirs mais pas celui de faire se relever les morts. 
- Roi vous l'êtes, le nier n'y changera rien. Et cessez donc ces lamentations, le temps n'est pas aux caprices.»


La réponse était tombée, lapidaire. Et Thranduil percevait bien l'insinuation derrière. Plus tard. Lorsque ne planerait pas sur eux l'ombre de la mort, peut-être aurait-il l'occasion de céder. Mais la guerre ne laissait pas la place au deuil ou à la tristesse. La mort était une maîtresse intraitable qui ne vous laissait pas une minute de répit. Et toutes ces pauvres âmes au dehors se fichaient bien du tumulte qui l'agitait en ce moment même. Ils n'étaient qu'à la recherche de quelqu'un capable de les guider dans l'obscurité. L'espoir leur rappelant que cette longue nuit de terreur prendrait fin un jour. La garde d'une épée peu familière vint trouver place au creux de ses doigts et il ouvrit les yeux pour voir que le souverain Noldo était venu la lui poser au creux de la paume. Elle était encore tâchée du sang de l'ennemi, son éclat étincelant terni par l'ombre de la guerre.


« Que dirait-il s'il était encore là ? Murmura-t-il d'une voix où perçait l'incertitude
- Qu'il vous sait capable d'être un bien meilleur souverain qu'il ne l'a jamais été.
- Je ne me suis jamais senti aussi peu à la hauteur qu'à cet instant précis.
- Je vous rassurerais en vous disant que ça s'arrangera un jour. Mais se serait un bien piètre conseil. Et si un souverain vous a déjà prétendu qu'il était certain de ses choix en toute circonstance, sachez qu'il vous a menti. »


Puis une paume vint se placer sur son front, essuyant les traces de boue et de sang qu'il n'avait pas pris la peine de nettoyer depuis son retour. S'il avait pu se voir à travers les yeux de son vis a vis, il aurait eut la vision d'un être exsangue et blafard, des corolles d'hématomes fleurissant sur sa tempe et une longue estafilade sur la joue. Mais au-delà il y aurait aussi perçu quelque chose d'autre. La fierté, la ténacité, l'orgueil, le fantôme d'un souverain charismatique en devenir, né d'une bien terrible tragédie. Mais n'était-ce pas de là que venait l'essence de tous les grands rois ? Jour de colère que ce jour là, car il avait engendré quelque chose de bien plus terrible. Au creux des ténèbres et de la mort, une flamme venait de s'allumer, qui ne devait jamais plus s'éteindre pour les âges à venir.


*


Il émergea de ce souvenir avec la sensation étrange de sortir la tête hors de l'eau après y avoir passé un trop long moment. Un silence de sépulcre l'accueilli, changement radical après le tumulte assourdissant de la bataille. La forteresse désertée ne résonnait plus que de ses propres fantômes et la silhouette de son fils lui tournant le dos lui avait fait l'effet de n'être qu'un énième spectre à ajouter à la liste déjà trop longue de ses hantises personnelles. Thranduil était amer d'avoir dû assister à un affrontement dont il avait prévu l'issue depuis bien longtemps. Incompréhension et désaccord avaient fait le lit d'une dissension bien trop profonde pour qu'elle puisse être balayée d'un revers de la main. Et s'il avait cru s'affranchir des rênes de son père en choisissant de partir, Legolas ne réalisait pas vraiment qu'en fait de fuite, c'était Thranduil lui-même qui avait choisi de le libérer. Il lui offrait par la même occasion une dernière leçon dont il ne comprendrait les enseignements que bien plus tard. La bataille des cinq armées laissait derrière elle bien plus qu'un champ de bataille en ruine.


« Voulez-vous que nous envoyions une escorte à sa recherche Sire ?
- Laisse le donc. Il est des choses dont il doit se rendre compte par lui-même. Il reviendra. »


Galion, toujours fidèle. Thranduil secoua imperceptiblement la tête sans se retourner vers lui. Il s'était attendu à tout ceci, ce qui n'avait cependant pas pu dissimuler la petite touche d'amertume dans sa voix. Legolas découvrirait bien assez tôt que toutes ses certitudes étaient bien peu de chose face au grand ordre du monde. Mais c'était une leçon qu'il n'avait pu lui éviter. Ainsi étaient-ils tous destinés à s'opposer aux choix de leurs pères pour accomplir leurs propres erreurs ? Lui-même n'y avait pas fait exception. Bien qu'il gardait le sentiment qu'il aurait essuyé bien plus terrible que quelques remontrances, s'il lui avait pris la fantaisie de se dresser ouvertement contre son père. Le roi Oropher avait été beaucoup de choses mais avant d'être un parent, il était avant tout un monarque impartial qui gouvernait avec autorité et n'hésitait pas à punir lorsqu'il l'estimait cela nécessaire. Quand bien même le coupable eut pu être son fils. Qu'aurait-il pensé de tout cela ? L'aurait-il regardé avec déception ou suffisance face à toute cette débâcle ? Thranduil avait fermé les yeux sur bien des offenses qu'il n'aurait pas laissé passer autrefois. Au non de la tristesse, de la lassitude et d'un amour profond pour son fils qui transcendait toute idée de châtiment. Était-ce encore pour Legolas que sa main s'était levée face à Tauriel, faisant signe à ses archers de baisser leurs flèches ? L'elfe était déjà bien loin à présent et ne devait son salut qu'à l'amertume d'un souverain qui avait vu passer bien trop d'hivers souillés par le sang des morts. En d'autre temps, cette insubordination eut reçut pour réponse une exécution sans état d'âme. A quel moment s'était-il laissé envahir par le poids des années ? Trop de tragédies, trop de drame et de disparitions vécus, trop de vies en jeu à ce moment là. Toute cette histoire n'était que le fruit d'un amer concours de circonstances.


Comme l'était le cours de leurs vies à tous. Qui aurait pu prédire, bien des âges auparavant, que leurs destins prendraient un tel court ? A quel moment avaient-ils dévié de leur route ? Oropher et les siens n'étaient que des réfugiés. Des apatrides contraints de trouver refuge là où on voudrait bien les accueillir, derniers vestiges d'un royaume désormais effacé des mémoires. Cette histoire vieille comme le monde, Thranduil n'en gardait que le souvenir confus de récits contés par son père, écoutés avec avidité par un petit elfe né au cœur d'une patrie qui n'était pas la sienne. Il s'était laissé bercer d'insouciances en ces terres du Lindon qui les avait recueillie, lui et les siens, après la destruction de leurs terres d'origine. Un refuge temporaire avant que leur exode les pousse plus loin vers l'est, vers une destiné dont ils ignoraient tout. La genèse de sa lignée était ancrée au Beleriand mais Thranduil serait à tout jamais liée à la Forêt Noire.


Le monde avait oublié qu'un jour, Oropher son père avait fuit sa patrie ravagée pour trouver refuge dans ce qui deviendrait un jour son propre royaume. Tout cela n'était plus qu'un mirage, un joli conte dont on peinait à croire que cela ait un jour existé. Pourtant, Thranduil lui-même n'était qu'un vestige de cette histoire terrible. L'un des derniers à pouvoir encore témoigner de l'horreur et de l'implacabilité du destin. Le monde ne s'était pas subitement terni du jour au lendemain. Le mal avait toujours existé sur ces terres et il avait pris bien des formes à travers l'histoire.  


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Ashes
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