Un Placard pour les gouverner tous
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Temple de la badassitude (ah c'est sûr, c'est pas le Jo le Clodo hein)
 
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 Ecoutez nos défaites [ft Vaïre]

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Ancalimë

Ancalimë

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MessageSujet: Ecoutez nos défaites [ft Vaïre]   Ecoutez nos défaites [ft Vaïre] Icon_minitimeMar 28 Nov - 9:30

Ecoutez nos défaitesVaïre & Mandos
«  Je le dis : il est temps de fermer le monde. Suffit les morts. Vous voulez les garder près de vous parce que vous avez peur du deuil. Mais les morts ne peuvent rester ici simplement pour éviter aux vivants de pleurer. » ••• 

Le silence encore. Le couloir semblait se dérouler à l'infini, sans que l'on puisse en apercevoir le bout ni même le plafond, de grandes arches de pierre se perdant dans les ténèbres. Une architecture incertaine qui évoluait au gré des fantaisies de son occupant, seul maître en ce royaume désolé à pouvoir en changer les contours à volonté. Il aurait pu, il en avait le pouvoir. Mais il y avait quelque chose de familier dans ces longs corridors sans fin, la sensation familière de sentir les bras de l'obscurité se refermer sur lui dans une étreinte rassurante. Elles étaient siennes, tout autant qu'il était leur. Il les avait créées, modelées, leur avait donné forme. Le Seigneur des Morts était issu des ombres et elles faisaient partie de lui, tout comme les Hall n'étaient que l'extension de sa présence. Il était les ténèbres, présence omnipotente dans ce royaume peuplé d'esprits et d'âmes, souverain silencieux mais pas moins terrifiant.

On le craignait tout autant qu'on lui conférait un respect mêlé d'affection. Comme les brebis dont il aurait été le berger. Juste et intraitable. Mais Mandos que rien n'inquiétait jamais, aussi inébranlable que le temps, ressentait une drôle d'impatience. Quelque chose se préparait. Une étrange sensation s'était emparée de lui sans qu'il puisse s'en défaire. Comme une impression d'attente. Le sentiment confus que quelque chose était sur le point de se produire. Et le seigneur des Hall avait passé de longs moments à arpenter les corridor de son royaume, présence spectrale en ces lieux dépeuplés. Fut-il un temps où le silence du dernier séjour des morts étaient un endroit familier pour celui qui gouvernait aux défunts. Mais à cet instinct précis, il aurait juré qu'il était annonciateur de quelque chose de dévastateur.

Le corridor s'effaça, comme une vision remontée du fond d'un esprit confus, les arches de pierre se tordant en un nouveau décor. Et elle lui apparu bientôt. Si Vaïré le senti venir, elle n'en montra rien, absorbée à sa tâche. Et sans prendre la peine de s'annoncer car il savait bien que la Dame des Hall ressentait chaque variation aussi infime soit-elle, il attendit. La toile n'était pas encore terminée. Mais il en reconnaissait déjà les contours. Premières esquisses d'une histoire à laquelle il avait assisté sans mot dire. Ne cachant que peu la petite note d'amertume qui s'était emparée de lui. Tant de tragédie pour l'orgueil d'un seul. La mort, le sang et la guerre. La trahison et le désespoir. Voilà qui était cher payé pour satisfaire la folie de Feanor. Il avait été leur plus belle création mais aussi la plus terrible. Un fil rebelle qui n'avait jamais accepté de se conformer au Tout que formait la grande toile des Mondes. Brillant mais aussi terriblement aveuglé par sa rancoeur. Bien des morts il avait entraîné dans son sillage et aujourd'hui encore, il refusait de le comprendre, restant aveugle et sourd aux conséquences de sa folie. Mandos avait passé bien trop de temps avec le plus indiscipliné des premiers nés, dans une sorte d'obstination sans bornes. Et si Vaïré était restée silencieuse à ce sujet, ses regards n'en disaient pas moins. Le Seigneur des Morts aurait depuis longtemps pu abandonner cette histoire et laisser le fils de Finwë à la solitude qu'il s'était infligée à lui-même.

Mais la tragédie qu'il avait provoqué n'en finissait plus de se dérouler et déjà sur la tapisseries de la Dame du temps, il entrevoyait d'autres malheurs sur le point de s'accomplir. Il n'en avait pressentit que les prémices, comme des images remontées d'un futur qui n'en était pas vraiment un pour lui. Le Valar était omnipotent, présence constante qui n'avait pas de début ni de fin, encore moins de présent et de futur. Il était toujours là. Aujourd'hui et demain. Pour tous les âges du monde. Les images se succédaient sans la moindre chronologie à travers ses yeux sans reflet et les tapisseries de sa Dame lui rappelaient parfois que le moment était venu pour quelque chose dont il avait oublié que ça n'était point encore arrivé.

«  C'est le moment ? » S'enquit-il

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Yavanna

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MessageSujet: Re: Ecoutez nos défaites [ft Vaïre]   Ecoutez nos défaites [ft Vaïre] Icon_minitimeMar 28 Nov - 18:33

Mandos
&
Vairë
A light on the water, all souls pass. Hope fades into the world of night, through shadows falling out of memory and time.


Elle pleurait. Dix fois, cent fois, mille fois, les gestes se répétaient, entremêlant les fils par la danse irréelle de la navette, le métier claquant et grinçant sous ses mains. Elle pleurait. Perles glissant jusque dans l’ouvrage, imprégnant ces fils qui tissaient la toile du monde. Peintre silencieuse d’un monde qui s’écroulait, spectatrice impuissante de l’œuvre du tout-puissant en perdition, elle se contentait de tisser dans l’immensité de ses toiles tout le désespoir et la beauté du monde. Accrochée aux décors toujours changeants de ce palais immuable, ces tapisseries traçaient le temps écoulé et les époques oubliées, rappelant aux âmes qui erraient le bien et le mal qu’elles avaient laissé dans le monde.

De ces tapisseries d’un autre monde transparaissaient tous les joies et les douleurs de l’histoire. Certaines, brillantes, laissaient entrevoir la beauté oubliée de la félicité des premiers temps, se noyant bientôt dans le noir sans fond dont Ungoliant la maudite avait noyé le monde. Une tisseuse, comme elle, mais une tisseuse qui dévorait l’univers de ses fils. Ces temps étaient ceux du noir et blanc, des ténèbres et de la lumière. Etrange affrontement pour celle qui avait lié son existence au Valar gardant dans des ténèbres protectrices les âmes des héros comme des déchus. Le métier claqua plus durement. Les déchus. Il en était un qui avait intégré ces Halls mais qui dans son aveugle obstination refusait d’accepter ses erreurs. Tous ceux qui tôt ou tard se voyaient envoyés sous la responsabilité du Vala des âmes changeaient ; mis face à leurs erreurs d’un passé révolu, ils comprenaient leur place et leurs actes. C’était dans l’ordre du monde. C’était pour le bien du monde. Mais il en était un qui refusait. Un premier-né qui avait déclenché dans son aveuglement le début d’un fil taché de sang et de haine qui souillait depuis trop longtemps ses tapisseries.

Elle avait dans son essence plus de feu que celui qui lui était liée. Et voir se répandre sur chacune de ses tapisseries en cours et à venir des fils de sang et de guerre toujours plus épais, interrompant d’autres qui n’auraient pas dû cesser si vite, provoquait en elle une rage qu’il n’était pas difficile de ressentir. Elle pleurait. Mais à la différence de Nienna, sa belle-sœur au cœur toujours habité de tristesse et de pitié pour les êtres sous leur responsabilité, Vairë n’avait plus de pitié pour ce Premier-Né. Elle ne se permettait pas de commenter les interminables moments que son époux lui consacrait, cherchant à briser une obstination si forte que ce fils de Finwë l’avait conservée jusque dans l’Après. Elle ne disait rien, car tel n’était pas son rôle. Mais dans cœur brûlait la rage née de sa contemplation patiente des horreurs qu’il avait déclenchée. Elle les avait tous tissés. Les fratricides. Les guerres. Le Serment.

Elle sentit sa présence avant même qu’il n’arrive. Elle connaissait ces Halls aussi bien que lui, et la familiarité de sa présence s’état muée en un instinct immémorial. Pour autant elle ne s’interrompit pas. Ses mains dansaient sur l’ouvrage, ses mains en sang d’avoir tissé la Quête de Beren et la noirceur d’Angband et de leur frère maudit. Les Ténèbres qu’elle devait peindre de ses fils lui usaient l’âme. Les mains perdues dans le noir, elle se sentait faiblir, accusant l’énergie consumée par ces heures noires à l’ouvrage. Une voix, éthérée, grave, intemporelle, résonna, faisant taire la musique qui résonnait toujours autour d’elle. « C’est le moment ? » Elle sourit. Cette question lui ressemblait tant. Il était partout. Le passé, le présent et le futur, tous mêlés en un être. Il était le temps. Elle était l’ordre du temps. La chronologie était son quotidien ; chargée par l’Eternel de cartographier l’éternité, relatant de ses peintures de tissu chaque évènement de monde. La mort était intemporelle ; l’histoire devait être tracée.

Mais l’était-ce, le moment ? Un instant son geste trembla, l’épuisement ayant raison de sa précision. Elle cilla, contemplant son ouvrage. La tapisserie arrivait à son bout. Déjà en son essence, elle sentait la dernière protagoniste faiblir. Le fil de la fille de Melian se faisait plus fin.

Soudain, l’ouvrage claqua, la navette lui échappa des mains. Le fil était cassé. Lúthien n’était plus, et bientôt serait des leurs. Délaissant son ouvrage, l’âme fatiguée par cette tapisserie de ténèbres et de tragédie, Vairë tourna la tête vers le Vala derrière elle. Son regard sombre, mélange étrange d’une sagesse contemplatrice et d’une révolte inextinguible, se plongea dans celui, intemporel, de son époux. « Comprends-tu ce que cela signifie ? » Le fil s'était cassé. Cela ne pouvait. Le rôle de couper les fils lui incombait quand l’histoire s’achevait, mais un fil cassé était une erreur dans le temps, une anomalie, une prophétie de l’impossible. Si le fil était cassé, elle ne pouvait achever son ouvrage.  « Elle est différente. »


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Ancalimë

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MessageSujet: Re: Ecoutez nos défaites [ft Vaïre]   Ecoutez nos défaites [ft Vaïre] Icon_minitimeMer 17 Jan - 13:25

Ecoutez nos défaitesVaïre & Mandos
«  Je le dis : il est temps de fermer le monde. Suffit les morts. Vous voulez les garder près de vous parce que vous avez peur du deuil. Mais les morts ne peuvent rester ici simplement pour éviter aux vivants de pleurer. » ••• 

La Dame des Hall n'eut pas besoin de manifester son trouble pour qu'il le ressente. Comme une perturbation dans l'équilibre bien établis des choses. Une onde supplémentaire sur les eaux du temps qui n'avait pas lieu d'être. Il n'y avait pas grand chose qui soit susceptible d'interférer dans le cours du temps. C'eut été un affront terrible fait au Seigneurs de morts. Et si Mandos n'avait pas été présent pour y assister, il aurait peut-être refusé d'y croire. Par orgueil, par fierté et même par aveuglement. Mais n'avait-il pas déjà cédé à tous ceci pour ne pas se rendre compte qu'il s'agissait d'une route bien sinueuse à parcourir ? Mais il était trop tard pour s'en retourner à présent, il allait devoir en affronter les périples.


Il ne connaissait que peu de choses capables d'atteindre sa Dame de cette manière. Vaïré était l'ordre inaltérable des choses, le cours du temps qui passe. Et voilà pourtant que son métier venait de voir se briser l'un des fils qu'elle chérissait tant. Et non des moindres. Il l'avait vu à la tâche un nombre incalculable de fois. Un rôle bien lourd à porter, aussi puissante soit-elle. Assister encore et toujours aux tumultes des siens, reporter encore et toujours les erreurs des premiers nés sans jamais pouvoir intervenir. Peut-être était-ce pour cette raison qu'une rancœur bien perceptible s'élevait en elle chaque fois qu'il se livrait à ce duel sans espoir face au plus têtu de ses pensionnaires. Elle n'avait jamais caché son dépit face aux tragédies causées par Feanor. Et dans un sens il pouvait le comprendre. Aussi brillant soit-il, son obstination avait su venir à bout de son impassibilité inaltérable et lui-même ressentait parfois l'envie infime de déchaîner ses foudres face à ses caprices. Maudit soit cet enfant borné et son génie sans limite. Il l'avait aimé presque autant qu'il avait voulu lui faire payer son aveuglement. Mais il ne s'agissait pas de Feanör cette fois. Il s'agissait d'une autre âme, presque aussi obstinée que lui, qui s'en venait perturber le calme des Hall.


« Elle est parvenue à brouiller les mailles du temps.C'est indéniable. »


Mandos, que le silence des cavernes habitait jusqu'au plus profond de son être, se surprenait à attendre avec appréhension la venue de Luthien. Quelque chose était à l'oeuvre, quelque chose dont ils ignoraient encore les effets. Le seigneur des morts, aussi omniscient soit-il n'était pas parvenu à le percevoir. Et cela plus que tout le reste, le mettait en émoi. Lui l'être inaltérable, le temps, le présent et le futur, n'était pas parvenu à voir. Il avait beau s'y reprendre, il n'était pas parvenu à déceler plus que quelques images confuses et mouvantes qui s'entremêlaient sans cesse. Et cela était inacceptable. De là à dire qu'il était touché dans son orgueil, c'était un terrain sur lequel il se risquerait pas. La navette retrouva son support, comme si elle n'avait jamais chuté et un poids familier se posa sur la tisseuse, comme on poserait une main rassurante sur une épaule épuisée.


«  Allons à sa rencontre. Son arrivée risque de semer le trouble, je le crains. »

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Yavanna

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MessageSujet: Re: Ecoutez nos défaites [ft Vaïre]   Ecoutez nos défaites [ft Vaïre] Icon_minitimeVen 19 Juin - 17:06

Mandos
&
Vairë
A light on the water, all souls pass. Hope fades into the world of night, through shadows falling out of memory and time.


La navette retrouve sa place, posée au bord de la tapisserie qui frémit encore des remous de l’histoire. La gloire et les ténèbres s’y mêlent en volutes, et un instant elle effleure le tumulte sans fin d’une tapisserie inachevée. « Tu l’entends ? » Les fils vibraient en mille hurlements qui lui vrillaient l’âme. Une œuvre inachevée est une œuvre qui souffre, et l’insoutenable complainte des fils tendus lui érodait lentement l’âme. Elle se laissa aller une seconde à sa présence réconfortante, pourtant même l’absolu du seigneur des lieux semblait incapable de noyer l’écho infini de ces tragédies inachevées. Le temps d’un souffle elle s’abandonna à lui, se fondant dans leur symbiose comme on sombre dans un abysse.

L’harmonie soudain s’interrompt, et une note d’amusement vient fendre la tristesse qui l’enserrait. « Elle t’effraie ? Non… » se reprit-elle, cherchant la vérité comme on effleure un ouvrage pour en trouver un fil, « elle t’a surpris. » Elle s’éloigna lentement, l’éclat de son rire flottant dans l’air, précieux et éphémère. Ils étaient les deux faces d’un même être. Il était le temps tout entier, dans toutes ces circonvolutions passées et à venir. Elle était le temps qui s’écoule, goute par goute, vivant les joies et les tristesses d’un monde qui s’effondre et se reconstruit. « Tu ne sais pas ! » La tristesse qui la tiraillait le moment auparavant s’évapore. Ces moments étaient plus rares et précieux que les Silmarils tant convoités. Son aimé savait tout. Eru lui avait confié le secret de tout ce qui serait et aurait pu être, à l’exception infime des dernières ombres d’indécision du Tout-Puissant lui-même. Le mystère complet de l’évènement à venir était un cadeau aussi impossible qu’il était précieux.

Brusquement, elle lui échappe, s’évaporant dans les Halls dans une invitation muette à la suivre. Sa gaieté inattendue craquelle l’austérité des cavernes comme un vent de printemps réveillerait une nature engourdie de son souffle doux. « Oh, Tindōmiselde, qui es-tu ? » Elle dévale les Halls dans un tourbillon, laissant flotter au-dessus des âmes troublées l’éphémère écho de ses éclats de rire. Elle danse, tourbillon d'or dans l'austérité du monde des âmes perdues. Elle est la lumière de ses ténèbres, le vent chaud sur une mer glacée, la passion à son imperturbabilité. Elle n'était pas la plus puissante des Valier, mais ils formaient ensemble l'équilibre tel qu'il avait été voulu. « Souviens-toi, Námo, souviens-toi... » Autour d'elle défilent les toiles déjà tissées, remontant le cours du temps et des âges, parsemé de l'immuable cycle de grandeur et de ruine des personnages illustres. Enfin elle s'interrompt, devant l'œuvre immobile d'un amour qui avait défié les lois d'Eru lui-même. « Elle est fille d'un Roi de légende. Mais elle est de notre essence, » ajoute-telle dans un sourire, se laissant happer par la scène tissée devant elle. La Maia et le Premier-Né, l'histoire qui n'aurait pas dû être et qui pourtant fut, sidérés l'un par l'autre dans années durant, entrés dans la légendes pour le meilleur et pour le pire. Et dans le chatoiement des fils de cette tapisserie du bonheur s'entrelaçait déjà l'ombre de la ruine à venir. Sa main s'arrête sur les traits de Thingol, roi parmi les rois, élevé si haut et pourtant... Elle revient à Mandos, avec dans le cœur l'espoir mourant que Thingol connaîtra un sort différent, qu'il sera celui qui trouvera la force de retourner le destin. Mais elle sait. Elle l'a tissé. Il a invoqué des forces qui le dépassent, la malédiction entre toutes, marquée de l'orgueil des Enfants et des ténèbres de leur Frère perdu. Et à travers sa moitié, elle sent que lui a pressenti la fin à venir, et son espoir meurt comme on éteint une bougie. Son esprit s'enrage « Encore une fois, un Enfant juste qui se voit consumé par le Serment... Combien de fois encore Miriel devra-t-elle pleurer la folie des siens ? » Elle n'essayait même plus de masquer les reproches. Quand enfin la mort avait eu pitié de celle qui avait partagé la vie du plus maudit des Enfants, Vaïre l'avait accueillie à ses côtés. Tisseuse sans égale parmi les enfants, la Noldo tentait d'absoudre les péchés de siens en tissant l'histoire de sa Maison jusqu'à la fin des temps. Et l'attachement de Mandos pour cet enfant rebelle jusqu'à l'affront la dépassait. 

Une clameur soudain monta. Les âmes hantant les Halls s'agitèrent une seconde, marquant d'un tumulte sourd l'arrivée d'une nouvelle âme. Et quelle âme ! Vaïre oublie son émoi, tournant toute son attention vers celle qui s'était abandonnée à l'abysse pour venir en arracher son âme sœur. « La force se transmet par la mère. C'est une fille de Maia qui marche parmi nous. Allons-y. » Et sans un mot de plus, elle se range à ses côtés, complétant une fois de plus l'équilibre, témoin bienveillante d'un Jugement qui ne lui appartient pas. Et elle frémit le pressentiment d'un évènement qui marquerait les temps.

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Ancalimë

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MessageSujet: Re: Ecoutez nos défaites [ft Vaïre]   Ecoutez nos défaites [ft Vaïre] Icon_minitimeMar 8 Déc - 13:33

Ecoutez nos défaitesVaïre & Mandos
«  Je le dis : il est temps de fermer le monde. Suffit les morts. Vous voulez les garder près de vous parce que vous avez peur du deuil. Mais les morts ne peuvent rester ici simplement pour éviter aux vivants de pleurer. » ••• 

Et l'espace semble se dissoudre soudain, devenir un peu plus perméable sous l'écho de son rire qui résonne dans les Hall telle une musique lointaine. L'espace n'a plus de règles en ces lieux et les corridors défilent sans qu'ils aient réellement le besoin de les parcourir. Il la suit, entraîné dans son sillage. Deux courants se mêlant dans une mer sombre, deux forces complémentaires qui se fondent l'une dans l'autre. L'équilibre au milieu du chaos. Quand la danse cesse enfin, il sait qu'ils ne sont pas loin. Les lieux se superposent les uns aux autres et il n'a qu'à esquisser un geste pour se trouver là où il devrait être. Mandos, tout de gravité qu'il soit face au poids de sa tâche, ne peut empêcher l'hilarité de la Dame des Hall de le gagner, comme un baume sur des blessures encore à vif.

« Il y aura toujours quelque chose de différent en elle, le sent tu ? Elle est de nos enfants mais d'autres forces la réclament. »

Est-ce la raison pour laquelle il ne parvient pas à voir ? Sa différence la tient-elle trop éloignée de lui ? Sa silhouette vacillante ondoie, ombre imprécise derrière le voile de sa propre mortalité. Luthien, fille d'ici mais aussi d'ailleurs, s'en vient alors que le moment n'est pas encore venu pour elle de fouler le sol des cavernes. Et pourtant la voila. Il le sait, long fut le chemin qui l'a conduite à eux, émaillé de drames et de ténèbres que même sa lumière, aussi brillante soit-elle, n'est pas parvenu à dissiper.

« Ce que Feanoro a fait, il ne tient qu'à lui de le défaire. Lourde est sa faute d'avoir entraîné les siens dans sa chute. S'il ne se repend pas il n'y aura pas assez de toute une éternité pour étancher son péché par les larmes. »

Il est redevenu grave, lassé de ce duel sans fin qui l'oppose au premier né de Finwë. Peu importe les tourments qui l'assaillent, celui-là refuse de ployer face au poids de ses fautes. Longues sont les éternités qui l'attendent, uniquement enfantées par son orgueil. Et pourtant, il ne lui demande qu'une toute petite concession. Des regrets, une toute petite chose de peu de prix pour faire sauter les verrous de sa prison de solitude.

Et ils les sent venir. Nombreuses. Attirées car elles ont elles-aussi senti l'émoi que l'arrivée de Luthien vient de créer dans leur royaume de silence. Quelques âmes, curieuses petites choses, remontent timidement, comme se cachant au loin, n'osant pas se présenter face à leur maître mais ne pouvant s'empêcher de venir épier ce qui va se passer. Elles le savent, quelques chose d'incroyable est sur le point de survenir. Et Namo, dans sa bienveillance, est disposé à leur offrir quelques instants de divertissement.

L'image est changeante mais l'idée est la même dans tous les esprits. S'ils étaient parmi les vivants, l'ombre du souverain des lieux siégerait sur son trône, tout de puissance et de majesté. Une idée, voilà qui suffit à faire se matérialiser la scène. Le dernier séjour des morts est un mirage que l'on ne peut visiter que par l'esprit. Tout ce que vous voyez, tout ce que vous sentez, n'est qu'une chimère. Essayez de la toucher du doigt et elle disparaîtra. Vaïre siège à ses côtés, baume apaisant dans ses ténèbres, présence constante. Leurs essences s'effleurent quelques instants, comme un dernier échange avant qu'il ne reporte son attention vers celle qui ne devrait pas se trouver là.

« Nous ne t'attendions pas si tôt, fille. Qu'es-tu donc venu troubler le dernier repos de tes aïeux ? »

Il est le Seigneur des lieux, le juge des âmes égarées et le berger venu guider ses enfants perdus dans les limbes de la mort. Sa présence même est une magie qui donne vie à toute chose. Namo est la création et la destruction, le début et la fin. Comme une réponse dans le silence, les Hall prennent vie, son royaume de chimères se matérialise finalement pour retrouver toute sa réalité. Quelque chose d'inattendu va se produire, elle est parvenu à bouleverser l'équilibre par sa seule présence. Et rien que pour cette prouesse, cela mérite au moins qu'on la reçoive comme il se doit.



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